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Un pressoir… un peu pressé.

Ou la petite mésaventure d’un pressoir qui n’avait rien demandé à personne…
Vendredi 13 octobre 2006. 07h00.
Nous partîmes deux,… et arrivâmes deux. Eduardo et moi sommes donc partis de Lyon vendredi matin, plein d’entrain et contents de redescendre dans le sud pour filer un petit coup de pouce à Jean-Paul et Mee, déjà sur place à notre arrivée à la cave aux alentours de 10h. La cuve de Grenache était alors déjà en train d’être pompée pour en soutirer le jus de goutte, issu naturellement du raisin que nous avions récolté le 09 septembre, si mes souvenirs sont bons. Le temps de tout préparer, arrivent onze heures sans que nous nous en apercevions. Et là, un coup de fil…
Dring…. Dring….
Jean-Paul décroche. Nous voyons à sa mine en décomposition instantanée qu’il y a un problème : « Sylvain [NDLA : pour ne pas le nommer ;o) ] a eu un problème avec le pressoir, il est sur un rond-point à la sortie de Nîmes. Le pressoir est tombé de la remorque ».
Aïe, aïe, aïe… la journée commence mal. Mais… serait-on Vendredi 13 ? Oui, c’est bien ça, nous sommes vendredi 13 !! Allez, ça va vite se régler, Sylvain sit qu’il n’y a pas trop de dégâts.
Nous voilà donc à parcourir la route que nous venions de faire, en sens inverse, avec un Jean-Paul un peu angoissé. Premier rond-point, rien. Deuxième rond-point, toujours pas de Sylvain. On cherche un peu en dehors de la route… on sait jamais. Mais pas de Sylvain. Arrivés au dernier rond-point avant Nïmes, nous apercevons une voiture arrêtée avec un remorque attelée, et un Sylvain l’air un peu em…bêté qui cherche du regard de l’aide, au milieu de la route… mais où est le pressoir ?!? Là, nous nous rendons compte du problème… le pressoir gît les quatre fers en l’air… ou plutôt les quatre roulettes en l’air, fièrement posé…. sur son vérin, qui lui se retrouve donc la tête en bas !! Je n’ai pas pensé à prendre des photos… voici donc un petit photomontage de ce que ça donnait :
Bon. Petit tour de rond-point. Là, nous essayions de nous convaincre que ce n’est pas si grave. Le boîtier électrique pend par ses fils, eclaté (c’est vraiment du toc ce plastique… pfff… fabrication italienne !). Le pressoir se vide de toute son huile, par un endroit alors indéterminé. Sur les quatre boulons qui tiennent le vérin, deux ont explosé, les deux autres sont voilés. «Bon, c’est pas tout ça… le bestiaud fait dans les 400 kg, maintenant va falloir le redresser. » Inutile de dire que les trois « Tamalous » que nous sommes vont difficilement venir à bout de l’engin. Sylvain a avisé un gars avec un palfinger qui doit revenir nous donner un coup de main dès qu’il a livré, à deux pas. Mais personne en vue. Une entreprise de béton est juste au dessus, je file y jeter un coup d’œil. Les gars sont super sympa, ils ont un « chargeur ». Au début, je ne sais pas ce que c’est qu’un chargeur… jusqu’à ce que je vois le gars revenir la bouche en coeur avec ça :
Bon OK… c’est sûr que soulever notre pressoir avec ça, c’est une paille. Mais on aimerait bien ne pas l’abîmer, OK ?… Bon, le gars ne peut pas le soulever comme ça. Le voilà qui repart sur son chargeur pour aller chercher ce qu’il faut. Chaines, manilles, …
Entre temps, revoilà la gars avec on palfinger… Ouf. Il tombe bien, je commençais à voir les choses plus trop en rose. Petit trop pour retourner voir le gars de la boite de béton, pour lui dire que, c’est bon, on a quelqu’un pour nous aider.
Ça, c’est fait.
Le gars est super sympa, il nous aide, nous laisse une sangle pour attacher le pressoir correctement… bref un gars comme on aimerait en voir plus souvent !
Nous voilà donc repartis : Sylvain avec un pressoir bien sanglé sur sa remorque… et nous à la recherche d’huile hydraulique alimentaire. C’est dans ce terme que résidait toute la difficulté de notre tâche : de l’huile hydraulique, on en trouve… de l’huile hydraulique alimentaire, là, ça change la donne. Nous tombons par hasard sur une boite que ne fait que de l’hydraulique. Impossible d’avoir l’huile avant 3 jours. Toutes les autres boîtes n’en ont pas, et nous disent que nous aurons du mal à en avoir. La coop’ de Calvisson nous donne un espoir, en vain. Puis nous apprenons que cette huile est en fait de l’huile de paraffine, tout simplement ! Mee, Eduardo et moi faisons un break… au café de Calvisson (merci Mee pour les cafés), pendant que Jean-Paul et Sylvain continuent leur recherches…
Sur les coups de 17heures, Sylvain et Jean-Paul finissent par revenir avec 25 litres, nous voilà sauvés !! Le pressoir ayant été remonté entre-temps, il n’y a « plus qu’à ».

Sylvain repart (la chemise repeinte par une giclée d’huile sous pression -le pressoir fonctionne, c’est une bonne nouvelle-), et nous commençons à presser vers 18 heures. Les quelques photos qui suivent ont été prises entre 18 heures et 22 heures.

A 22 heures, direction chez les Cases pour se remettre de nos émotions autour d’un bon repas préparé par Joëlle (merci !!!!) et d’un petit Côte de Bourg 1995 plutôt sympa ! La cuve de Grenache est finie, demain on fait Mourvèdre et Grenache-Syrah.
Il est plus de 22 heures quand nous finissons. La cave est propre. Rendez-vous est pris pour samedi matin 7h30.
Samedi 14 octobre. 07h30.
Il fait un temps magnifique.
Le temps de tout installer, la première presse se fait vers 8h30. Et c’est reparti pour 8 heures non-stop ! Mee, Eduardo et Jean-Paul se relaient pour décuver tandis que je m’occupe du pressoir. Le décuvage, en principe, c’est simple. Quoiqu’un peu physique : tout le gâteau de moult doit être sorti par le trou d’homme de la cuve, avec la griffe blanche, la pelle, ou avec les mains. C’est compact, gorgé de jus… donc très dur ! Je tire mon chapeau à Mee et Eduardo qui n’ont pas hésité à rentrer dans la cuve pour ce faire.

Seul hic, cette foutue cuve en fibre de verre. Elle est grand mais le trou d’homme est vraiment ridiculement petit, impossible de rentrer dedans. Là encore, merci les italiens. Grrrr…. Mee a beaucoup pesté… et a même regretté l’absence de Margaux pour l’envoyer y faire un petit tour pour nous aider (Dit, répété, amplifié, je t’avais dit, Mee, je tiens parole !). Bref, tout se termine par un délicieux Couscous-goûter en compagnie de Joelle et Romain, mais sans Mee qui, malgré tous ses efforts, a préféré rejoindre sa fille et son mari… en bottes… Hé oui, Mee, tu as oublié tes chaussures chez les Cases !!
Enfin voilà. Tout se termine bien… Le vin est pressé, avec un pressoir qui fonctionne bien qu’il fasse « des bruits bizarres ». La cuve de Grenache-Syrah doit travailler encore un peu pour nous donner tout ce qu’elle a, le degré d’alcool est encore trop fort. Le mourvèdre est fini, si mes souvenirs sont bons. Bref… la cuvée 2006 est sur les rails !!